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REGGAE
Origine et évolution du reggae
ORIGINE ET EVOLUTION DU REGGAE
Le mieux est de se référer à la compilation «Tougher Than Tough » paru en 1993 (Island) : une sélection de 95 morceaux et 65 pages d’explications.
Les années 50 : le mento (le calypso jamaïcain) Le mento est une sorte de calypso syncopé dérivé de vieux quadrilles. Le mento se particularise par une mesure à 4 temps. Le déplacement simple mais permanent du poids du rythme sur les mesures atones donnent l’impression de chants syncopés et provoque une tension continue de la phrase musicale. Au début des années 50 Stanley Motta produit des 78 tours de mento et de calypso. Les principaux artistes sont Duke of Iron, Lord Melody, The Lion, The Terror, Lord Biggener, The Mighty Sparow, Lord Kitchener (un rasta). En 1949 Ken Khouri créé le premier studio jamaïcain chez lui et enregistre du mento et du calypso. Ses enregistrements sont pressés en Angleterre jusqu’à l’achat en 1954 de deux presses à disques (des 78 tours) . Le premier DJ à officier est Winston «Count Machuki » Cooper dont le première prestation date de Noël 1950. En 1956 Stanley Motta ouvre son studio et produit sur son label Motta Record Studio des artistes de Mento (Count Lasher, Lord Beginner, Lord Kitchener).
Les années 60 : ska, rude boy, rock steady A la fin des années 50, les disques jockeys (Deejays) n'arrivent plus à alimenter leurs "sound system". Ces discothèques mobiles passent pour un prix modique des disques américains de Rythm and blues. Les deux principaux «sound system» sont animés par Clément Seymour Dodd (Sir Coxsone’s Downbeat en activité de 1954 à 1968) et Duke Reid (The Trojan). Ceux de moindre importance sont animés par V-Rocket, Skyrocket, Lord Koos, King Edwards, Winston Blake (Merritone), Count Nicks, Bells, Tom the Great Sebastian (un des précurseurs né Thomas Wong), Count John, Count Boysie, Count P. et Prince Buster (Sound Voice of the People). La compétition est rude et les DJ’s sont armés pour parer à toute éventualité. Le succès des «sound system» est tel que les disques américains deviennent insuffisants. Pour 20 $ ils se mirent à produire avec du matériel bon marché des chanteurs locaux qu'ils ne payaient presque jamais. Les premiers chanteurs locaux sont Joe Higgs, Delroy Wilson, Owen Grey, Laurel Aitken, Jackie Edwards, Alton Ellis et Lascelles Perkins. En 1960 le duo Higgs et Wilson produit par Edward Seaga fait son premier hit avec «money-o ». Le rythme saccadé adopté s'appelle le ska. C’est un mélange de mento et de rhytm and blues américain. C’est au départ une danse sautillante avec un accent sur le deuxième et le quatrième temps sur une base de «blues shuffle » assortie d’une mélodie de piano dans le fond. Les meilleurs jazzmen de Kingston se retrouvent au sein d’un même groupe instrumental les skatalites. En 1961 les premiers producteurs de ska sont Leslie Kong (commerçant), Ken Khouri, Prince Buster, Duke Reid, King Edwards, Clément Dodd, Edward Seaga et Chris Blackwell. En 1962 Desmond Dekker enregistre son premier hit chez Leslie King « honor your father and mother ». Jimmy Cliff (James Chambers) a 2 tubes à son actif «hurricane hattie » et «daisy got me crazy ». En 1963 suite à des affrontements entre leurs supporters, le premier ministre bustamante convoque Derrick Morgan et Prince Buster pour une poignée de main devant les photographes du Daily Gleaner et du Star. Les radios officielles JBC (Jamaican Broadcasting Corporation) et la RDR (Radio Jamaica Rediffusion) sont contrôlées par l’élite blanche et métisse du pays dont les goûts ne sont pas ceux du ghetto. Aussi le ska est diffusé par les sound system et non par les radios (hormis un ou deux shows hebdomadaires). Le premier hit international date de 1964 avec «my boy lollipop » par Millie Shall produite par Chris Blackwell. En 1965 les Skatalites se séparent, cette année là un style de ska domine, il s’agit de la musique rude boy. Les rudies sont de petits délinquants ayant la haine de l’autorité, des gunmen au service des deux partis politiques et des rastafariens des guettos qui rejettent les valeurs du paternalisme colonial des églises locales. Les Wailers sont le groupe emblématique des rudes boys. On peut citer quelques morceaux célèbres de cette époque : « tougher than tough » de Derrick Morgan, « dreader than dread », « johnny too bad » des Slickers, « shanty town », « judge dread » de Prince Buster. La musique rude boy ne passe pas à la radio mais uniquement dans les sound systems. Durant l’été 1966 le rock steady remplace définitivement le ska. Le style est plus lent. Le rythme est relax et sensuel. Des groupes vont survivre au ska : les Maytals, Alton Ellis. De nouveaux groupes apparaissent : les Heptones, les Gaylads, les Melodians, les Paragons, Slim Smith and the Techniques, Ken Boothe, Dobby Dobson. Un 1968 Leslie Kong produit le deuxième hit international avec la sortie de «Israélites » de Desmond Dekker. Cette année là The Maytals (Toots Hibbert) sortent la chanson «do the reggay » à l’origine de la reprise du mot reggae. Selon Frederic Cassidy, chercheur scientifique de l’argot jamaïcain, le terme reggae se rattache à la notion de laideur, de pauvreté, de saleté et de maladie, en un mot un résumé du backgound social des joueurs de reggae. En Angleterre on entend cette musique dans les maisons de la culture pour "west indies" avec des titres suggestifs comme "Wet dream " de Max Roméo, «Tougher than tough » de Derek Morgan, « Mini-skirt » de Max Roméo, « Al Capone » de Desmond Dekker. La musique jamaïcaine se diffuse dans la diaspora anglaise et américaine. En 1969 la musique jamaïcaine connaît un nouveau succès international avec «wonderful world beautiful people » de Jimmy Cliff. Trois studios dominent alors l’industrie musicale jamaïcaine : FEDERAL, STUDIO ONE et DYNAMIC.
Les années 70 : reggae En 1971 commence la campagne électorale pour les élections de 1972. Les musiciens s’engagent ouvertement en faveur de PNP : Delroy Wilson avec « better must come », Clancy Eccles avec « road of correction », Max Romeo avec « let the power fall on I », Junior Byles avec « beat down babylon », Ken Lazarus avec « hail the man ». Toutes ces chansons sont censurées à la radio. (En Jamaïque les élections de 1972 sont à comparer avec les élections présidentielles de 1981 en France). En 1971 on élit le premier DJ de l’année (Dennis Alcapone en 1971 et 1972). L’élection de Manley coïncide avec la sortie de l’album des Wailers «catch a fire ». En 1973 le film de Perry Henzell «the harder they come » rencontre un succès auprès du public. A présent le reggae est connu, les magazines rocks se vendent bien dans les années 70, ils font connaître le reggae. Pour échapper aux producteurs locaux il faut soit produire soi même, soit signer un contrat avec une compagnie étrangère. Christ Blackwell signe sur son label ISLAND : Bob Marley and the Wailers, Jimmy Cliff, Toots and the Maytals, Burning Spear, Third World, Inner Circle. En 1976 l’album «rastaman vibration » de Bob Marley lance définitivement la diffusion internationale du reggae. Pendant la campagne électorale de 1976, l’engagement des musiciens s’articule autour du climat de violence : Pablo Moses avec «we should be in Angola », Les Révolutionnaires avec «MPLA », les Mighty Diamonds avec « right time », Leroy Smart avec « ballistic affair ». Bob Marley s’engage dans la pacification avec l’organisation du concert Smile Jamaïca. Il est alors victime d’un attentat, il quittera la Jamaïque après le concert. En 1977 VIRGIN crée le label FRONT LINE. En 1978 il s'enregistre 75 45 tours par semaine, il y a 20 studios d'enregistrement dont une dizaine sont équipée de 24 pistes. En Jamaïque les ventes d'un 45 tours dépassent rarement 10000 exemplaires et les ventes d'un 33 tours les 6000 exemplaires. La couverture médiatique du reggae et de la Jamaïque atteint son paroxysme. ISLAND et VIRGIN sont les deux principaux labels à diffuser le reggae. Les groupes de qualité qui ne font pas le choix de signer avec les majors restent méconnus auprès du grand public comme Yabby You. La sélection effectuée par les majors ne donne qu’une vue partielle du rastafarisme. La musique est le support des débats entre les différentes confréries rastas. Les musiciens de reggae les plus réputés sont des musiciens de studios : Sly Dunbar (batterie), Robert Shakespear (basse), Earl Smith (guitare). Les concerts sont rares, le plus souvent ils ont lieu dans le cadre de grands festivals (reggae Sunplash depuis 1978), certains groupes pour s'assurer une sécurité matérielle jouent dans les grands hôtels. 1977-1980 sont encore les années SHOW BIZ. Le reggae est à la mode en Europe, c’est l’avant garde de la world music.
Les années 80 : le passage à vide ? Aux yeux des observateurs européens le reggae connaît un passage à vide. Il résulte d’un ensemble de raisons. Bob Marley mort, on va s’attacher à trouver son successeur, de fait aucun musicien jamaïcain n’est attiré par le star system. A posteriori les années show-biz apparaissent bien comme des années exceptionnelles, la diversification des genres musicaux condamne l’émergence de leaders, à force de chercher les successeurs de Lennon ou de Marley on n’a pas vu la richesse musicale du reggae. Ainsi au moment de l’émergence du dance hall on parle de passage à vide du reggae. En Jamaïque les instruments de musique coûtent cher. Ils sont importés, hors le gouvernement à cause de l’endettement du pays limite les importations. Les groupes jamaïcains essentiellement vocaux se succèdent devant les mêmes musiciens de studios. Ainsi le trio Sly Dunbar, Robert Shakespear, Earl Smith apparaît sur la moitié des enregistrements destinés au marché international. Les hits façonnés pour la F.M. ressemblent plus à de la soul music qu’à du reggae. L’industrie musicale jamaïcaine souffre de la cupidité des producteurs locaux qui prive de fait les groupes de l’accès au marché international. La révolution du digital qui s’impose après 1985 met un terme au reggae roots en Jamaïque, cette évolution sera ignorée hors de la Jamaïque par le grand public Les sounds systems restent le principal moyen de diffusion dans l’île, les radios continuent à négliger la production locale qui n’a jamais dépassé le tiers de la programmation. Les principaux sound systems sont Gémini, Killamanjaro (fondé par Noel Harper (papa jaro) en 1969) , Stone Love (fondé par Wee Pow en 1972)
Le Dub Plate : Extrait de l’interview de Jerry Smith des Studios Exodus (Jerry Smith et True Blue) parue dans Natty Dread n°1 de juin juillet 2000 (le studio Exodus ouvert en 1997 ne produit que des Dub Plates, Jerry Smith a été assassiné en mai 2000) : "C’est une chanson dans laquelle l’artiste mentionne le nom d’un sound system. Par exemple, si tu as une chanson où le type chante : Vas-y Cinderella … et que le sound qui commande la dub plate s’appelle Monster, le chanteur va refaire la chanson en chantant : Vas-y Monster … Une dub plate et une special, c’est la même chose. Certains diront peut être qu’une special ne peut être jouée que par un sound unique. Dennis Brown vient de mourir et une dub plate de lui est désormais une special parce qu’un jeune sound system qui se crée maintenant ne pourra pas avoir de dub plate de Dennis"
Le Noise Abatment Act (NAA) : En 1997 le Noise Abatment Act (NAA) est promulgué, il vise à baisser le niveau sonore des sound systems, cette mesure gouvernementale change la donne. La mesure anti bruit permet de réprimer les sounds gênants. Cela a divisé par trois les soirées organisées par les sound systems, en particulier à Kingston. En contrepartie cette mesure relance les performances ‘live’ rares auparavant en Jamaïque, en particulier en dehors de Kingston. Cela favorise désormais les Nights Clubs des quartiers aisés. Dans la foulée du NAA les propos orduriers des DJ en public sont désormais taxés systématiquement (amende, travaux d’intérêts généraux). Moins de sound systems en activité c’est aussi moins de dub plates pour les artistes débutants qui ont désormais plus de mal à se faire connaître. Depuis la fin des années 90 les principaux événements ‘live’ sont le Sting (à Portmore un jour entre Noel et le jour de l’an), le Sunplash, le Sumfest (en juillet), le Fire, le Tony Rebel Salute (depuis 1993), le East West , le Garnett Silk Earthdy (depuis 2002) à Mandeville…
Michael Smith : assassiné le 17/08/1983 : il est battu et lapidé à mort devant le siège du JLP à l’âge de 28 ans, il avait interpellé la veille dans un meeting un membre du gouvernement Seaga. Il représentait la Dub Poetry poésie dite par l’auteur face à des auditoires dansant. Il avait fait un seul album produit par Linton Kwesi Johnson sur le label Island « mi-c-yaan believe it ». Pour lui le rôle de l’artiste est d’être la conscience du politicien, lui rappeler à chaque instant qu’il est au service du peuple et non le contraire. Prince Fari : assasiné en 1983 à Kingston Hugh Mundell : assassiné d’une balle dans le cou en 1983 à l’âge de 21 ans dans une voiture au côté de Junior Reid pour une histoire d’appareil ménager défectueux par un type de son quartier. Samuell Bramwell : Le leader des Morwells et des Chantells est assassiné par la police en 1983 lors d’un vol à main armée dans les locaux d’une des compagnies exploitant la bauxite. Jack Ruby : assassiné en 1986 (producteur) Peter Tosh : assassiné le 11/09/1987. Plusieurs raisons sont avancées : peut être pour un peu d’argent, peut être parce qu’il avait oublié de sortir de prison un homme qui y était allé à sa place, peut être parce qu’il s’apprêtait à lancer une station radio rastafari. Carly Barett : musicien des Upsetters puis des Wailers assasiné en 1987 King Tubby : en 1989 : assassinat mystérieux Ranking Toyan : DJ assassiné en 1991 Nitty Gritty : mort assassiné le 24 juin 1991 à Brooklyn (New York) Junior Braithwaite (de 1964 à 1966 cofondateur des Wailers) : abattu par erreur le 3 juin 1999 par des gunmen à kingston Michael « Chicken » Wallace (clavier de Third Word puis de Chalice) : abattu au volant de sa voiture le 6 juillet 1999 Henry 'Junjo' Lawes : Producteur mort en 1999 rattrapé par son passé
Les Indiens Jusqu'à il y a 3000 ans l'île est restée vierge de toute présence humaine. L'isolement géographique de l'île est illustré par sa flore : sur 3000 plantes et fleurs poussant sur l'île, 800 sont endémiques. Deux peuples indiens colonisèrent successivement les Antilles à partir du Venezuela actuel : les Arawaks puis les caraïbes (un peuple guerrier). Vers 700 av. JC les Arawaks atteignent l'île qu'ils nomment XAYMACA le pays des flots et des sources.
Christophe Colomb et les Espagnols Christophe Colomb accoste sur l'île le 3 mai 1494 et lui donne le nom de Santiago. Il accoste de nouveau le 25 juin 1503 lors du voyage de 1502-1503. Il a déjà perdu deux des quatre caravelles de l'expédition, les deux dernières sont complètement pourries, il lui faut des navires de remplacement. Colomb est bloqué à St Ann’s bay. Un des fidèles réussit à rejoindre l'île d'Hispaniola en canoë. Il faudra attendre 8 mois pour le retour d'une caravelle achetée sur les deniers de Colomb. Pendant ce temps celui ci subit le 2 janvier 1504 la révolte d'une cinquantaine de réfugiés. Il échappe aux indiens Arawaks qu'il subjugue grâce à la connaissance d'une éclipse de lune le 29 février 1504. (Cet épisode sera repris par Hergé dans son album le Temple du Soleil). Le 29 juin 1504 Colomb sera de retour à Saint-Domingue avec ses hommes y compris ceux qui s'étaient révoltés. Seville la Nueva (actuelle ville de St Ann’s Bay) est fondée par le premier gouverneur espagnol Don Juan de Esquivel ainsi que Santiago de la Vega (actuelle ville de Spanish-Town près de Kingston). Les Espagnols ne trouvent pas d'or en Jamaïque, dès 1515 les Indiens avaient été exterminés. En 1611 un document officiel mentionne qu’il ne reste que 74 indiens vivants sur l’île. Faute de ressources intéressantes l'île sert de lieu de ravitaillement pour les navires remplis d'or faisant escale. L'île est laissée sans administration organisée, ni armée ou fortification militaire.
Christmas rebellion du 28 décembre 1831 Samuel Sharpe (1801-1832) organisa la rébellion de Noël 1831. Il fut arrêté et pendu. Le 28 août 1833 l’esclavage fut aboli avec une période d’apprentissage. Le 1er août 1838 l’esclavage était terminé.
La rébellion de Morant Bay (1865) Cette rébellion est dirigée contre le gouverneur Edward Eyre. Elle est menée par Paul Bogle et William Gordon. La répression fit 430 morts.
Les enfants : Les colons ont poussé les esclaves à prospérer en nombre, il est résulte une généralisation des foyers sans père qui se perpétuent de nos jours. Du temps de l’esclavage la vente des parents mâles brisait la cellule familiale. En 1976 un statut de l’enfant a été voté aux termes duquel la vieille discrimination entre «enfant légitime » et «bâtard » a été abolie permettant aux enfants d’être égaux devant la loi.
Les ghettos : Dès la fin du XIX ème siècle l’exode rural amène la création à l’ouest de Kingston de bidonvilles. On les appelle les «shanty town » (villes ashantis- villes africaines). « Trench Town » le quartier du fossé date de la fin du XIX ème, il est bâti sur le canal de drainage des égouts de la vieille ville. Ce quartier est touché lors du tremblement de terre de 1907. En 1951 il est dévasté par un cyclone. Trench Town est divisé en une zone JLP (Rema) et une zone PNP (Jungle alias Arnett Gardens). « Rema » tire son nom de la compagnie qui a construit les habitations « Dung Hill » la colline des crottes (The Dungle) s’est constituée sur une décharge publique. « Back o’wall » derrière le mur créé en 1935 est adossé au cimetière public. Ce quartier a été reconstruit dans les années 60 pour devenir Tivoli, c’est un fief du JLP « Ackee Walk » , « Concrete Jungle » , « Lizard City » et « Boy’s Town » complètent cette liste.
Les gangs (et les armes) : La mort le 9 octobre 1948 à l’âge de 24 ans de Vincent Martin surnommé Ivanhoé (ou Ivan Martin, Ivan Brown, Allan Ladd, captain Midnight, RHYGIN’) après son évasion du « General Penitentiary » en fait un héros mythique. Il servira de modèle au personnage interprété par Jimmy Cliff dans le film The Harder They Come (1972). Depuis les années 60 chaque quartier de Kingston est tenu par un gang qui garantit au besoin par la terreur la victoire électorale du parti auquel il est lié : Rema (JLP), Jungle (PNP), Tel Aviv (PNP), South Side (JLP). Les chefs de gangs (les DON) font la loi. Les hommes politiques les appellent les «protecteurs de la communauté ». Les émeutes de 1966 entraînent un cycle de violence d’une dizaine d’année. A partir de 1966 la violence gagne le guetto, les agents du PNP et du JLP intègrent les rudes boys dans leurs commandos. Le sommet est atteint lors des élections générales de 1976. Lors des violences de 1976 les gangmen du JLP sont menée par Claudie Massop, ceux du PNP sont mené par Buckie Marshall. Un accord de paix est conclu en 1976. En janvier 1978 suite à un massacre de 5 membres d’un gang, un nouveau mouvement de paix s’organise autour de l’organisation rasta des 12 tribus d’Israël. Il débouche sur le retour de Bob Marley le 25 février 1978 et la programmation d’un concert. Le 22 avril 1978 a lieu le « One Love Peace Concert » devant 32000 spectateurs (dont les Rolling Stones). Après un exil de 14 mois, Bob Marley revient en Jamaïque pour ce concert. (Se succèdent The Meditations, Dillinger, Culture, Dennis Brown, Jacob Miller, Big Youth, Peter Tosh qui fait un discours à l’attention des politiciens restant sur scène 66 mn, Bob Marley qui fait monter sur scène Seaga et Manley et leur unit les mains). En février 1979 Claudie Massop est abattu par la police.En mars 1980 Buckie Marshall est assassiné à New York. Les gangs vont mener une véritable guerre civile qui culmine avec la campagne électorale des élections d’octobre 1980, on dénombre 700 morts. Les gangs sont manifestement manipulés par les partis politiques, les trafiquants de drogues et sans doute aussi par la CIA puisque les Etats-Unis tiennent à la chute du gouvernement pro castriste de Manley. Le 4/02/1979 Claudie Massop est tué par une patrouille de police, un an plus tard Buckie Marshall est assassiné dans une discothèque de New-York. La violence est pour partie liée au trafic de drogue (en particulier le crack). Avec le temps les gangs ont acquis des moyens financiers et des armes qui leur permettent de se passer des partis. Cet affranchissement de la tutelle des partis est apparent depuis le milieu des années 90. Jim Brown (né Lester Lloyd Coke) succède à Claudie Massop. L’accointances avec les hommes politiques demeure, ainsi en 1992 Seaga prend la tête du cortège funèbre de Lester Coke alias Jim Brown considéré comme le DON des DONS de Ouest-Kingston. En cas de besoin, les tueurs emprisonnés peuvent être sortis de prison sans que leur évasion soit signalée, ainsi en 2001 Orval Stewart censé purgé une peine pour meurtre depuis 1992 était appréhender pour usage de ganja dans une voiture volée. En 2002 on compte 4900 détenus en Jamaïque (pour 2800 places), il y a également 16 000 jamaïcains détenus aux Etats Unis et 5 000 au Royaume-Uni.
Zion train Il y a un train entre Kingston et Montego Bay. Cette ligne de chemin de fer est source d'inspiration de nombreuses chansons. "This train" enregistré par Culture, Bunny Wailer, Ras Michael emporte les rastas vers Sion (la terre promise). A Kingston la station s'appelle "Marcus Garvey halt". La ligne a été fermée vers 1986. Cette ligne avait été empruntée par Haïlé Sélassié lors de sa visite en 1966.
Les droits de l'homme peine de mort, les prisons (camps)
Les rivalités entre artistes La presse musicale à travers les interviews se fait l’écho des rivalités entre les artistes, ceux ci utilisent aussi ces controverses pour faire parler d’eux. Cela apaprait dans nombreux textes de chansons. En voici quelques exemples : Peter Tosh contre Bob Marley, Prince Jazzbo contre I Roy, Bennie Man contre Bounty Killer. Le 15/01/2004 création de la JAVAA (Jamaica Association of Vintage Artits and Affiliates), association regroupant les vétérans du reggae pour défendre leurs intérêts.
L'obeah (vaudou) Les leaders des marrons étaient des «myalmen », des personnes qui possèdent le pouvoir de défaire les sorts et les machinations des «obeahmen » (les prêtes vaudous pour simplifier). Ceux ci exploitent le pouvoir des «duppies » (les esprits des morts) pour nuire ou aider les gens et modifier les événements. L’homme a trois âmes, l’Ame de la vie envoyée par l’Etre suprême à la naissance, l’Ame de la Personnalité qui détermine le destin et l’Ame Gardienne des Ombres qui demeure cachée jusqu’à sa libération sous forme de «duppy » lorsque le corps est enterré. Se glisse aussi dans cet univers Anancy l’Araignée qui a le pouvoir de se transformer en choses ou en personne. L’usage du coromantee est lié aux enseignements des «myalmen », ceux ci sont également des experts en herbes médicinales. Le grand-père maternel de Bob Marley, Omeriah Malcom avait été initié à ce savoir..
Armaguédon, 666 Armageddon est la guerre finale entre le bien et le mal mentionnée dans l’Apocalypse
Le sexe Les artistes dancehall parlent beaucoup de sexe dans leur chanson. On peut même dire que c’est obsessionnel. Mais il en parle mal, car les textes reflètent le puritanisme ambiant. L’homophobie règne en maître ce qui fait de la Jamaïque un pays particulièrement surveillé par les organisations non gouvernementales. Les pratiques sexuelles qui semblent banales ailleurs (levrette, cunilingus) sont dénigrés par la plupart des DJ masculins. Depuis la fin des années 90, les DJ féminins ont trouvé là un créneau pour tourner en dérision leurs collègues masculins un peu coincés. En Jamaïque les filles sont mères au plus tard à 16 ans. Lors de sa visite en Jamaïque en août 1993 le Pape a dénoncé l’abus d’alcool (les bières dont la fameuse Red Stripe), l’usage de la drogue et les débordements sexuels.
Le sport La Jamaïque s’est distinguée dans les disciplines suivantes : Athlétisme, Boxe (Richard Clarke 1986, Michael Mc Callum 1984, Trevor Berbick 1986), Cricket, Football, Athlétisme, Course de chevaux, Golf, Bobsleigh 1966 8ème jeux sportifs de l’Empire Britannique et du Commonwealt organisés à Kingston 1973 Boxe : match entre Joe Frazier et George Foreman à Kingston (championnat du monde des poids lourds) le combat est intitulé le Sunshine Showdown. Deux rounds suffiront à donner la victoire à Foreman. 1976 victoire des Indes Occidentales à la coupe du monde de cricket 1976 Jeux Olympiques de Montréal médaille d’or à la course à pied du 200 m pour D. Quarrie Années 90 l’athlète Marlene Ottey (née en 1960) court le 100 mètres en 10’87’’, elle finit sa carrière sportive sous la nationalité slovène. 1998 Football : participation à la phase finale de la coupe du monde des «reggae boys»
LES PALMARES
Coupe du monde des Sounds Systems (1re édition en 1993) D’abord organisé en Angleterre 1993 BODYGUARD ; 1994 SAXON Puis relancé à New York 1998 KILLAMANJARO (Jamaïque) ; 1999 MIGHTY CROWN (Japon) ; 2000 KILLAMANJARO (Jamaïque) ; 2001 BASS ODYSSEY (Jamaïque) ; 2002 REBEL TONE (Canada) ; 2005 SENTINEL (Allemagne)
Grammy Awards (décerné depuis 1984) 1984 BLACK UHURU (album Anthem) 1985 JIMMY CLIFF (album Cliff Hanger) 1986 STEEL PULSE (album Babylon the Bandit) 1987 PETER TOSH (album No Nuclear War) 1988 ZIGGY MARLEY (album Conscious Party) 1989 ZIGGY MARLEY (album One Bright Day) 1990 BUNNY WAILER (album Time Will Tell) 1991 SHABBA RANKS (album As Raw As Ever) 1992 SHABBE RANKS (album X-Tra Naked) 1993 INNER CIRCLE (album Bad Boys) 1994 BUNNY WAILER (album Crucial ! Roots Classics) 1995 SHAGGY (album Boombastic) 1996 BUNNY WAILER (album Hall of Fame) 1997 ZIGGY MARLEY (album Fallen is Babylon) 1998 SLY AND ROBBIE (album Friends) 1999 BURNING SPEAR (album Calling Rastafari) 2000 BEENIE MAN (album Art & Life) 2001 DAMIAN MARLEY (album Halfway Tree) 2002 LEE PERRY (album Jamaican ET) 2003 SEAN PAUL (album Dutty Rock)
Il s’agit d’un prix américain ce qui explique le palmarès.
Auteur : J.B. Seille
© Jean Bernard SEILLE
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